Civilisation britannique | Le système politique britannique
Cours en lien avec la préparation à Sciences Po
1 | L’histoire d’un modèle de gouvernement.
a) Quel est le rôle du Monarque ?
Fonction symbolique. Même si avant, le roi décidait de tout, son pouvoir a été fortement réduit depuis le 19ème siècle. Maintenant : Le monarque incarne le lien entre le passé, le présent et le futur. Alors que les partis politiques ne font que se succéder, le monarque, lui, symbolise l’unité de la nation, la continuité, l’Histoire. Le monarque est au-dessus des divisions de partis politiques. Les partis politiques divisent la population, parfois de manière très violente comme avec le Brexit, alors que le roi doit unir tous les britanniques peu importe leurs convictions politiques.
b) Comment les pouvoirs du monarque ont-ils été limités?
Il faut remonter à ce qu’on appelle la « Glorious Revolution » pour voir les premières limitations du pouvoir monarchique.
Pourquoi l’appelle-t-on Glorieuse ? Car cette révolution n’a pas entrainé la mort de quelqu’un (contrairement à la guillotine en France).
Cela dit, il y avait déjà eu une révolution anglaise vis-à-vis du roi en 1649 (Charles Ier qui avait été décapité). Cependant, cette révolution avait entrainé l’arrivée de Cromwell au pouvoir (une république, mais vite transformée en dictature). C’est pour cela que les anglais ne pensent pas que la république soit forcément synonyme de démocratie ; car Cromwell s’était vite transformé en dictateur (+violence de la Révolution française et la Terreur en 1793).
Pourquoi l’appelle-t-on Glorieuse ? Car cette révolution n’a pas entrainé la mort de quelqu’un (contrairement à la guillotine en France).
Cela dit, il y avait déjà eu une révolution anglaise vis-à-vis du roi en 1649 (Charles Ier qui avait été décapité). Cependant, cette révolution avait entrainé l’arrivée de Cromwell au pouvoir (une république, mais vite transformée en dictature). C’est pour cela que les anglais ne pensent pas que la république soit forcément synonyme de démocratie ; car Cromwell s’était vite transformé en dictateur (+violence de la Révolution française et la Terreur en 1793).
Lors de la « Glorious Révolution » en 1688, James II était soupçonné de tendance absolutiste et, pire encore, de confession catholique.
Oui, il faut rappeler que le roi Henri VIII avait rompu avec Rome en 1534. Chef de la religion Anglican. (Pourquoi ? -> divorce + retrouver son indépendance vis-à-vis de Rome). Ainsi, James II en 1688 doit fuir en France. Il sera remplacé conjointement par son gendre, proclamé le roi William of Orange, et sa fille (de James II) Mary II of Orange. Tous les deux étaient protestants et hollandais ! |
Les conséquences de la « Glorious Revolution ».
A l’issue de cette « Glorious Revolution de 1688 », le Parlement britannique (Westminster) s’impose face au pouvoir monarchique. On rédige ce qu’on appelle « Le Bill of Rights » en 1689 qui garantit le droit de pétition, le droit de détenir une arme, des réunions fréquentes du parlement et la liberté des élections. Ainsi, la marge de manœuvre du roi se retrouve limitée. Pour une levée d’impôt, le parlement doit voter. La limitation des pouvoirs du souverain s’est faite progressivement, sans aucun texte de loi, ni encore moins, qu'une Constitution ne vienne la coucher noir sur blanc. Notez que la Reine Anne, en 1708, fut le dernier souverain à utiliser son véto royal (Royal Assent) à un texte adopté par le Parlement, bloquant ainsi sa mise en application.
A l’issue de cette « Glorious Revolution de 1688 », le Parlement britannique (Westminster) s’impose face au pouvoir monarchique. On rédige ce qu’on appelle « Le Bill of Rights » en 1689 qui garantit le droit de pétition, le droit de détenir une arme, des réunions fréquentes du parlement et la liberté des élections. Ainsi, la marge de manœuvre du roi se retrouve limitée. Pour une levée d’impôt, le parlement doit voter. La limitation des pouvoirs du souverain s’est faite progressivement, sans aucun texte de loi, ni encore moins, qu'une Constitution ne vienne la coucher noir sur blanc. Notez que la Reine Anne, en 1708, fut le dernier souverain à utiliser son véto royal (Royal Assent) à un texte adopté par le Parlement, bloquant ainsi sa mise en application.
c) La Constitution britannique
Si le RU n’a pas de Constitution au sens où les français et les américains l’entendent (un seul document), le terme est bel et bien employé couramment pour désigner l’ensemble des institutions du pays qui ont vu le jour progressivement au fil des réformes. Ainsi, la Constitution Britannique peut être définie comme l’ensemble d’un certains nombres de textes de natures et d’origines très diverses, le plus souvent une loi créée en réponse à un problème précis.
Les Constitutions françaises et américaines énumèrent un certain nombre de principes généraux intangibles(« All Men are Created Equal by God » - US Constitution).
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Au contraire, la Constitution Britannique se compose des textes et lois rédigés pour répondre aux problèmes précis qui se sont présentés au cours de l’Histoire. Voici encore un bel exemple de du PRAGMATISME BRITANNIQUE
Unwritten constitution
Constitutions organise, distribute and regulate state power. They set out the structure of the state, the major state institutions, and the principles governing their relations with each other and with the state's citizens. Britain is unusual in that it has an 'unwritten' constitution: unlike the great majority of countries there is no single legal document which sets out in one place the fundamental laws outlining how the state works. Britain's lack of a 'written' constitution can be explained by its history.
More on : https://www.ucl.ac.uk/constitution-unit/what-uk-constitution/what-uk-constitution
More on : https://www.ucl.ac.uk/constitution-unit/what-uk-constitution/what-uk-constitution
Magna Carta
Magna Carta (1215) was written by a group of 13th-century barons to protect their rights and property against a tyrannical king. It is concerned with many practical matters and specific grievances relevant to the feudal system under which they lived. The interests of the common man were hardly apparent in the minds of the men who brokered the agreement. But there are two principles expressed in Magna Carta that resonate to this day:
"No freeman shall be taken, imprisoned, disseised, outlawed, banished, or in any way destroyed, nor will We proceed against or prosecute him, except by the lawful judgment of his peers or by the law of the land."
"To no one will We sell, to no one will We deny or delay, right or justice."
More one : https://www.archives.gov/exhibits/featured-documents/magna-carta
"No freeman shall be taken, imprisoned, disseised, outlawed, banished, or in any way destroyed, nor will We proceed against or prosecute him, except by the lawful judgment of his peers or by the law of the land."
"To no one will We sell, to no one will We deny or delay, right or justice."
More one : https://www.archives.gov/exhibits/featured-documents/magna-carta
The bill of rights
The Bill of Rights 1689 is an iron gall ink manuscript on parchment. It is an original Act of the English Parliament and has been in the custody of Parliament since its creation. The Bill firmly established the principles of frequent parliaments, free elections and freedom of speech within Parliament – known today as Parliamentary Privilege. It also includes no right of taxation without Parliament's agreement, freedom from government interference, the right of petition and just treatment of people by courts. The main principles of the Bill of Rights are still in force today - particularly being cited in legal cases – and was used as a model for the US Bill of Rights 1789. Its influence can also be seen in other documents establishing the rights of humans, such as the United Nations Declaration of Human Rights and the European Convention on Human Rights. (Source : https://www.parliament.uk)
2 | Pourquoi les anglais sont-ils si attachés à la monarchie et si distants vis-à-vis des républiques ?
a) 1ère raison : Révolution de 1649 (Charles Ier décapité à la hache) qui entraine la dictature de Cromwell.
Oliver Cromwell (1599 1658) est un militaire et homme politique anglais, resté dans les mémoires pour avoir pris part à l'établissement d'un Commonwealth républicain en Angleterre (ainsi qu'en Irlande et en Écosse), puis pour en être devenu le Lord Protecteur. Cromwell est l'une des figures les plus controversées de l'histoire des îles Britanniques. Alors que certains historiens voient en lui un héros de la liberté, d'autres en font un tyran, dictateur régicide. Au sein de la population, les sentiments exprimés sont tout aussi mitigés et passionnés, puisque pour les uns, il s'agit de l'un des plus grands héros nationaux de la patrie anglaise, alors que pour d'autres ses mesures prises contre les catholiques irlandais étaient presque génocidaires ; il est donc généralement détesté en Irlande.
b) 2ème raison : Révolution française violente de 1789
Au début la Révolution française en 1789 fut accueillie favorablement par les Britanniques qui détestaient l’absolutisme des Bourbons. De plus, inutile de rappeler qu'ils étaient favorables à tout ce qui pouvait réduire la puissance française sur le plan international – les français leurs ennemis de toujours ! Cependant, dès 1791-1792, une majeure partie des britanniques se sont détournés du nouveau régime français. La Terreur de 1793, avec ses exécutions à la chaîne, les vaccinèrent contre cette idéologie républicaine. D’ailleurs l’écrivain britannique Charles Dickens, en 1859, publia une œuvre emblématique : Un conte de deux cités, dans laquelle il livre une vision horrifique de la révolution et de ses excès.
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“[...] I believe the present French power is the very first body of citizens who, having obtained full authority to do with their country what they pleased, have chosen to dissever it in this barbarous manner. It is impossible not to observe that, in the spirit of this geometrical distribution and arithmetical arrangement, these pretended citizens treat France exactly like a country of conquest. Acting as conquerors, they have imitated the policy of the harshest of that harsh race. The policy of such barbarous victors, who contemn a subdued people and insult their feelings, has ever been, as much as in them lay, to destroy all vestiges of the ancient country, in religion, in polity, in laws, and in manners; to confound all territorial limits; to produce a general poverty; to put up their properties to auction; to crush their princes, nobles, and pontiffs; to lay low everything which had lifted its head above the level, or which could serve to combine or rally, in their distresses, the disbanded people under the standard of old opinion. They have made France free in the manner in which those sincere friends to the rights of mankind, the Romans, freed Greece, Macedon, and other nations. They destroyed the bonds of their union under color of providing for the independence of each of their cities.”
Edmund Burke, Reflections on the French Revolution (1790)
3 | Le Commonwealth : « L’enfant de la décolonisation »
Rappelons que l’Empire britannique c’était ¼ des terres émergées : « The Sun never sets on the British Empire”.
Au lendemain de la 1ère guerre mondiale, l’empire britannique est le plus vaste et le plus peuplé des empires coloniaux. Le Commonwealth est souvent décrit aujourd'hui comme "l'enfant de la décolonisation".
Au lendemain de la 1ère guerre mondiale, l’empire britannique est le plus vaste et le plus peuplé des empires coloniaux. Le Commonwealth est souvent décrit aujourd'hui comme "l'enfant de la décolonisation".
a) Son organisation et ses états membres
• Le Commonwealth ou Commonwealth of Nations (« Communauté des Nations ») est une organisation intergouvernementale
• Composé de 53 États membres qui, pour la plupart, sont d'anciens territoires de l'Empire britannique. • Créé au milieu du XXe siècle pendant le processus de décolonisation. • Il est formellement constitué par la Déclaration de Londres de 1949 qui fait des États membres des partenaires « libres et égaux ». |
c) Unis autour de mêmes valeurs économique
En 1932, les accords d'Ottawa instaurent le système de préférence impériale : les membres du Commonwealth bénéficient d'une réduction des droits de douanes lorsqu'ils commercent avec d'autres États membres. À l'inverse, les États non membres du Commonwealth doivent payer des droits de douane plus importants pour commercer avec les pays membres. L'objectif de ces accords est d'établir un système de libre-échange parmi les membres de l'Empire britannique.
Ceci explique en partie le manque d’intérêt de la part des britanniques vis-à-vis de l’union Européenne. Ils bénéficient déjà d’un système similaire de libre-échange avec les pays du Commonwealth. Historiquement, le Commonwealth est indéniablement né pour satisfaire aux intérêts économiques communs des pays membres. En effet, le statut de Westminster contribue principalement à la mise en place d’un protectionnisme assis sur le concept de « préférence impériale ».
Aujourd’hui, le Commonwealth bénéficie d’outils pour aider au développement économique de ses membres. C’est notamment le cas du CFTC (Fonds du Commonwealth pour la coopération technique) qui fournit les compétences techniques manquantes à certains Etats pour accélérer leur croissance économique.
Ceci explique en partie le manque d’intérêt de la part des britanniques vis-à-vis de l’union Européenne. Ils bénéficient déjà d’un système similaire de libre-échange avec les pays du Commonwealth. Historiquement, le Commonwealth est indéniablement né pour satisfaire aux intérêts économiques communs des pays membres. En effet, le statut de Westminster contribue principalement à la mise en place d’un protectionnisme assis sur le concept de « préférence impériale ».
Aujourd’hui, le Commonwealth bénéficie d’outils pour aider au développement économique de ses membres. C’est notamment le cas du CFTC (Fonds du Commonwealth pour la coopération technique) qui fournit les compétences techniques manquantes à certains Etats pour accélérer leur croissance économique.
c) Unis autour de la Reine Elizabeth II et des valeurs britanniques
• Le symbole de cette libre association est la reine Élisabeth II qui est chef du Commonwealth. Le souverain britannique n’exerce aucune autorité politique sur ces Etats mais il symbolise l’unité de l’organisation.
• La reine est également chef d'État des 16 royaumes du Commonwealth. (Canada, Australie)
• Attention : Le titre de chef du Commonwealth n’est pas héréditaire, le prochain roi d’Angleterre ne sera donc pas automatiquement chef du Commonwealth. Néanmoins, le Commonwealth n’est aucunement une union politique dans la mesure où les Etats membres ont la possibilité de rester neutres en cas de conflit.
• Les États membres n'ont aucune obligation les uns envers les autres. Ils sont réunis par la langue, l'histoire et la culture et des valeurs décrites dans la Charte du Commonwealth telles que la démocratie, les droits humains et l'état de droit.
• Les États du Commonwealth couvrent environ 30 millions de km2 de territoire sur les six continents habités. Sa population est estimée à 2,328 milliards d'habitants.
• L'Irlande en fut membre, mais quitta le Commonwealth lors de l'institution de la république en 1949.
• Ainsi, le Commonwealth est l’illustration même du Soft Power britannique.
• La reine est également chef d'État des 16 royaumes du Commonwealth. (Canada, Australie)
• Attention : Le titre de chef du Commonwealth n’est pas héréditaire, le prochain roi d’Angleterre ne sera donc pas automatiquement chef du Commonwealth. Néanmoins, le Commonwealth n’est aucunement une union politique dans la mesure où les Etats membres ont la possibilité de rester neutres en cas de conflit.
• Les États membres n'ont aucune obligation les uns envers les autres. Ils sont réunis par la langue, l'histoire et la culture et des valeurs décrites dans la Charte du Commonwealth telles que la démocratie, les droits humains et l'état de droit.
• Les États du Commonwealth couvrent environ 30 millions de km2 de territoire sur les six continents habités. Sa population est estimée à 2,328 milliards d'habitants.
• L'Irlande en fut membre, mais quitta le Commonwealth lors de l'institution de la république en 1949.
• Ainsi, le Commonwealth est l’illustration même du Soft Power britannique.
Qu’est-ce que le « Soft Power » ?
Selon l’inventeur du concept, Robert Nye, professeur à Harvard, il s’agit de la capacité d’un Etat d’arriver à ses fins en recourant à d’autres moyens que la force militaire, économique ou diplomatique. C’est la puissance de la culture et des industries de la création, de l’art de vivre, des Universités, des médias ou du sport qui fond du détenteur du soft power une puissance intelligence.
La reine Victoria, qui a régné entre 1837 et 1901, avait été le précurseur du soft power. Elle a inventé ce concept de soft power pour étendre l’emprise de la Couronne sur le continent européen en multipliant les mariages entre ses enfants et ceux des autres dynasties européennes.
La reine Victoria, qui a régné entre 1837 et 1901, avait été le précurseur du soft power. Elle a inventé ce concept de soft power pour étendre l’emprise de la Couronne sur le continent européen en multipliant les mariages entre ses enfants et ceux des autres dynasties européennes.
Dates importantes indépendances des anciennes colonies britanniques
Un dominion est un État indépendant membre de l'Empire britannique, mais pas totalement souverain, la Couronne britannique gardant la souveraineté sur la diplomatie, la guerre, la citoyenneté, la plus haute instance judiciaire ainsi que la constitution.
1867 : création du Dominion du Canada. Première constitution rédigée au Canada. (Attention, ce n'est pas encore l'indépendance, qui aura lieu en plusieurs étapes de 1931 à 1982)
1901 : création du Dominion de l'Australie.
1907 : création du Dominion de la Nouvelle-Zélande et du Dominion de Terre-Neuve.
1910 : constitution du Dominion de l'Union d'Afrique du Sud.
1922 : indépendance de l'État libre d'Irlande, remplaçant la République d'Irlande proclamée en 1919.
1931 : le Statut de Westminster garantit la souveraineté totale du Canada, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l'Afrique du Sud et de Terre-Neuve, qui jusque-là étaient des pays dits « indépendants », mais non-souverains sur les questions diplomatiques, de déclaration de guerre, du tracé des frontières, de la gestion des affaires étrangères, des postes monarchiques, de la citoyenneté, de la cour constitutionnelle, de la juridiction de la loi constitutionnelle
1947 : indépendance de l'Inde et du Pakistan.
1901 : création du Dominion de l'Australie.
1907 : création du Dominion de la Nouvelle-Zélande et du Dominion de Terre-Neuve.
1910 : constitution du Dominion de l'Union d'Afrique du Sud.
1922 : indépendance de l'État libre d'Irlande, remplaçant la République d'Irlande proclamée en 1919.
1931 : le Statut de Westminster garantit la souveraineté totale du Canada, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l'Afrique du Sud et de Terre-Neuve, qui jusque-là étaient des pays dits « indépendants », mais non-souverains sur les questions diplomatiques, de déclaration de guerre, du tracé des frontières, de la gestion des affaires étrangères, des postes monarchiques, de la citoyenneté, de la cour constitutionnelle, de la juridiction de la loi constitutionnelle
1947 : indépendance de l'Inde et du Pakistan.
The Commonwealth Today
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